Le fantôme et la particule

« Taille : 1m68. Visage allongé, grands yeux vifs, cheveux noirs, teint mat. Pardessus gris fer, chapeau marron foncé ».

C’est ainsi qu’est décrit le physicien sicilien Ettore Majorana dans l’avis de recherche publié par la police italienne après son étrange disparition la nuit du 26 mars 1938, à bord d’un navire faisant la jonction entre Palerme et Naples.

Cet homme de 31 ans, considèré comme un authentique génie et dont les travaux auraient pu changer le cours de l’histoire, s’est purement et simplement volatilisé.

Cela fait quatre vingts ans que le mystère de cette disparition fascine les écrivains et les historiens. Suicide ? Enlèvement ? Assassinat ? Fuite ?

Et si la solution se trouvait dans ses équations ? Majorana a prophétisé le comportement d’une particule, le neutrino, qui lui ressemble : un fantôme. Comme si, avec sa disparition, il avait souhaité que sa biographie soit indissociable de ses théories physiques, et que son existence reste lié aux indéterminations fondamentales de la physique moderne.

De Rome à Palerme, en passant par Naples cette série photographique est un voyage mental sur les traces d’un fantôme. Arrêtant le temps, les images deviennent des palimpsestes entre passé et présent, matière et antimatière, réalité et abstraction.